Vendredi Saint
À L'ÉCOUTE DES ÂMES BRISÉES
Avec Isabelle Le Bourgeois
COMPTE-RENDU
7 avril 2023 : Vendredi Saint célébré à la Ferme du Biéreau à Louvain-la-Neuve
Isabelle Le Bourgeois a eu plusieurs vies en une. Courtière en assurances, femmes d’affaires efficace, elle entend l’appel d’amour de Dieu en entrant
« Un moment, ça s'arrête ou l'irréparable. » |
par hasard dans une église. Elle change de vie pour embrasser la vie religieuse, non pas cloitrée dans un couvent, mais plongée dans le monde, que ce soit auprès de coupeurs de canne à sucre au Mexique durant deux ans, ou bien comme aumônière dans la prison des hommes de Fleury-Mérogis, durant 13 ans. En se mettant à l’écoute des âmes brisées, elle rejoint le pire et découvre Le Dieu des abîmes (publié chez Albin Michel).
En boutade, elle se déclare « religieuse non-pratiquante. » Et pourtant, en tant que psychanalyste et aumônière de prison, Isabelle Le Bourgeois est particulièrement « reliée » à l'autre. Sa pratique est à hauteur d'homme et rend compte de l'espérance qui l'habite.
Ses commentaires de la Passion du Christ* à la lumière de ce qu’elle vit au quotidien invitent chacun à vivre avec l’irréparé.
* La Passion du Christ : Commentaire d'Isabelle Le Bourgeois
« James Bond, c'est mon papa. » |
En tant qu'aumônière, Isabelle Le Bourgeois |
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Invitée : Isabelle le Bourgeois
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La vie d’Isabelle Le Bourgeois est un roman. Avec un papa espion et l’apprentissage du russe lorsqu’elle est toute jeune fille. Mais ce n’est qu’un début. Courtière en assurances, psychanalyste, aumônière de prison et, pour emballer le tout : religieuse ! Voilà un beau programme.
Le choc se passe le jour de Pâques 1981. Cette jeune cheffe d’entreprise dynamique entre dans une église. Voilà 17 ans qu’elle n’a plus mis les pieds dans ce genre de lieu. Une messe y est célébrée. Elle entend cette phrase d’un curé de campagne : « Dieu vous aime, mais vous ne le savez pas ». Le coup de foudre ! Tellement fort qu’elle entreprend une analyse pour y comprendre quelque chose. Et elle entre chez les Religieuses auxiliatrices en 1983.
Après le noviciat et des études de théologie, elle se retrouve au Mexique, envoyée auprès des coupeurs de canne à sucre : « Deux années formidables » dit-elle, avant de rentrer en France pour prononcer ses vœux définitifs. On va alors lui confier, pendant cinq ans, la direction de la maison d’accueil de la congrégation, à Versailles. Mais elle a besoin d’un break et va aller vivre pendant six mois dans un carmel.
En 1996, on lui propose de devenir aumônière de la prison des hommes de Fleury-Mérogis. Elle dit d’abord « non ! » mais y restera 13 ans et poursuivra, pendant cinq années supplémentaires, auprès du contrôle général des prisons. C’est dans ce monde carcéral qu’elle découvre « Le Dieu des abîmes » et se met « à l’écoute des âmes brisées » qu’elle tente de rejoindre jusqu’au fond de leur désespoir.
Des âmes brisées qu’elle rencontre aussi dans son cabinet puisqu’aujourd’hui Isabelle travaille surtout comme psychanalyste. « Il m’arrive d’être fatiguée, épuisée, submergée par trop de travail (...), de vouloir baisser les bras, de dire “débrouillez-vous”, c’est trop difficile, oui, il m’arrive tout cela, parce que la vie peut être très lourde, comme pour chacune et chacun d’entre vous... Pourtant, c’est la force de la Vie qui jusqu’ici l’a emporté de façon têtue et puissante. »
Le Vendredi Saint, nous aurons l’occasion de parler avec elle d’un nouveau livre en préparation, Vivre avec l’irréparé.