Samedi Saint 2017 : Les regards filmiques de Bouli Lanners
SAMEDI SAINT 2017 : LES REGARD FILMIQUE DE BOULI LANNERS
LA RÉSISTANCE DU SAMEDI
Un Samedi Saint avec Bouli Lanners ou la résistance par la lumière
À travers la littérature et la mystique, Bouli Lanners nous entraîne dans un nouveau road movie dont il a le secret. Il a choisi et nous partage les textes et les films qui suivent...
1. Tu as en toi le ciel et la terre
- Écritures : Une merveilleuse pierre précieuse
Ô, homme, tu as en toi le ciel et la terre. Fais de ce monde un ciel sur la terre. Tout ce que j’ai écrit en effet lors de mes premières visions, tout le savoir que j’ai acquis par la suite, c’est aux mystères des cieux que je le dois. Dieu a créé l’homme comme une merveilleuse pierre précieuse, dans laquelle se mire toute la création.
Dans le cosmos toutes choses sont interdépendantes, de sorte que le moindre de nos faits et gestes a des répercussions jusqu’aux frontières même de l’univers. La nature de ces répercussions dépend évidemment des actes eux-mêmes : s’ils sont positifs, ils agissent dans le sens de la régénération de la vie. S’ils sont négatifs dans le sens de sa destruction.
L’énergie de nos actes se répand dans l’univers tout entier et l’univers,
en retour, renvoie cette énergie vers la terre et jusqu’en chaque créature. C’est ainsi qu’il y aura une époque où l’humanité aura infligé à la nature des blessures tellement atroces que, pour se guérir, elle se verra contrainte de déclencher des catastrophes. Les êtres humains, par leur comportement ignominieux, auront entièrement perturbé le fonctionnement des quatre éléments dispensateurs de vie, à savoir le feu, l’air, l’eau et la terre.
Hildegarde de Bingen (1098-1179)
Poète, musicienne, théologienne, médecin
et ... abbesse bénédictine.
- Regard filmique de Bouli : Into the wild (Sean Penn)
C’est quand même incroyable que ce texte ait été écrit il y presque mille ans.
Mille ans. Pas de centrale au charbon, de nucléaire, de gaz à effet de serre, de marée noire, d’exploitation de gaz de schiste, d’industrialisation, de surpopulation. A priori la nature n’est pas menacée, elle est même encore très présente. Les villes sont rares, petites, la campagne est partout. Les grandes forêts existent encore. Alors qu’est ce qui a poussé Hildegarde de Bingen à écrire ce texte ?
Christian Godin écrit dans La haine de la nature : « L’être humain est cet être dont l’existence tend à interdire la coexistence ». J’espère qu’il a tort.
Je pense que je suis Chrétien, le message d’amour du Christ reste l’axe principal de ma pensée. Mais la nature, si peu, trop peu présente dans les évangiles a pour moi une place essentielle dans mes réflexions.
En relisant ce texte de Hildegarde de Bingen, je me dis qu’on peut très bien être Chrétien et animiste. Je me dis qu’aujourd’hui, on devrait même tous être un peu plus animiste. Il serait bon d’élargir la pensée, il serait bon d’être un peu moins humano-centriste. Il serait bon de ne pas devenir l’espèce vivante la moins compatible avec les autres espèces vivantes.
Christopher, le personnage d’Into the wild ne trouve plus son équilibre dans la société des hommes, alors il part. Il part à la recherche de cet absolu qu’il espère trouver au milieu de la nature. Comme certains ermites l’ont fait, comme certains moines. Il s’en va.
Mais la nature qu’il recherche, celle que l’homme n’a pas encore colonisée, celle qui reste vraiment sauvage, elle est sauvage.
Alors Christopher va mourir.
Il va mourir parce qu’il ne connaît plus la nature.
Il va confondre des variétés de baies et va s’empoisonner.
Nous ne connaissons plus la nature.
J’ai très peur de la mort et j’ai toujours eu l’impression que mourir au milieu des éléments devait être moins douloureux, moins grave.
Pourtant je ne voudrais pas mourir comme Christopher.
J’aimerais mourir au milieu des arbres, mais avant ça, j’ai besoin de me réconcilier avec eux.
Je recite Hildegarde.
C’est ainsi qu’il y aura une époque où l’humanité aura infligé à la nature des blessures tellement atroces que, pour se guérir, elle se verra contrainte de déclencher des catastrophes. Les êtres humains, par leur comportement ignominieux, auront entièrement perturbé le fonctionnement des quatre éléments dispensateurs de vie, à savoir le feu, l’air, l’eau et la terre.
Je pense que nous avons un grand besoin de réconciliation avec la nature.
* * *
2. La douceur de votre grâce
- Écritures :
- Ne perdez pas pied par rapport à vous-même
Une semaine plus tard, je retournai à la cathédrale et y rencontrai le père Trollope. J’allais me prendre d’affection pour lui dans les semaines qui suivirent ; mais, à première vue, il représenta tout ce que je détestais le plus dans l’image que je me faisais de l’Église. Très grand, très gras, avec de grosses bajoues toutes lisses qui avaient l’air de ne jamais avoir besoin du rasoir (...) Pauvre Trollope ! Les apparences le desservaient. Il menait une existence des plus ascétiques ; l’une de ses pires privations était la règle qui, à l’époque, lui interdisait de se rendre au théâtre ; car il avait été acteur dans le West End (...). Puis je ne sais quelle force intérieure l’avait impérieusement poussé à continuer jusqu’à la prêtrise. (...)
C’est au bout de quelques semaines seulement qu’il me raconta son histoire, et ce fut comme une main se posant sur mon épaule en signe d’avertissement : « Voyez le danger d’aller trop loin, semblait dire cet avertissement menaçant. Faites très attention. Surtout ne perdez pas pied par rapport à vous-même. Il y a au large des courants dangereux qui pourraient vous entraîner n’importe où... » (...)
Il me fallut quelque temps avant de comprendre l’absolue fausseté de ma première impression et de voir que j’étais confronté avec le défi d’une invraisemblable bonté.
Graham Greene
Une sorte de vie
- Que j'ai commencé tard à vous aimer !
Que j'ai commencé tard à vous aimer, ô beauté si ancienne et si nouvelle ! Que j'ai commencé tard à vous aimer ! Vous étiez au-dedans de moi ; mais, hélàs ! J'étais moi-même au dehors de moi-même. C'était en l'en-dehors que je vous cherchais. Je courais avec ardeur après ces beautés périssables qui ne sont que les ouvrages et les ombres de la vôtre, cependant que je faisais périr misérablement toute la beauté de mon âme, et que je la rendais par mes désordres toute monstrueuse et toute difforme. Vous étiez avec moi, mais je n'étais pas avec vous. Car ces beautés qui ne seraient point du tout si elles n'étaient pas en vous, m'éloignaient de vous. Vous m'avez appelé : vous avez crié,
et vous avez ouvert les oreilles de mon coeur en rompant et en brisant tout ce qui me rendait sourd à votre voix. Vous avez frappé mon âme de vos éclairs : vous avez lancé vos rayons sur elle, et vous avez chassé toutes les ténèbres qui la rendaient aveugle au milieu de votre lumière même. Vous m'avez fait sentir l'odeur incomparable de vos parfums, et j'ai commencé à ne respirer que vous, et à soupirer après vous ; j'ai goûté la douceur de votre grâce, et me suis trouvé dans une faim et dans une soif de ces délices célestes. Vous m'avez touché, et je suis devenu tout brûlant d'ardeur pour la jouissance de votre éternelle félicité.
Saint Augustin
Confessions
- Regard filmique de Bouli : My happiness (En préparation)
J’aime beaucoup ce texte de Graham Greene sur la première fausse impression qu’on a de quelqu’un. Sur le délit d’apparence.
D’autant plus fort qu’on évolue dans une société dominée par l’image. L ‘image qu’on donne de soi. L’image qu’on a des autres.
Je suis un homme d’image et je suis un personnage public, par moment. Les gens ont donc une image de moi. Est ce qu’elle est réelle ?
Et puis j’aime bien ce texte de saint Augustin.
« Que j'ai commencé tard à vous aimer, ô beauté si ancienne et si nouvelle
Que j'ai commencé tard à vous aimer ! Vous étiez au-dedans de
moi ; mais, hélas ! J'étais moi-même au dehors de moi-même ».
C’est magnifique.
Tout a commencé tard pour moi aussi. Ma vie de couple. Ma vie professionnelle. D’une certaine façon, ma vie même. J’ai été moi-même prisonnier de ma propre image. Je ne me voyais pas entreprendre quelque chose et le réussir. J’avais l’image de moi d’un type qui n’avait pas le droit de vivre ce que les autres vivent.
J’ai eu longtemps l’impression que les choses ne démarreraient jamais.
Et puis, il suffit d’une rencontre. Et tout commence.
My happiness, mon prochain film raconte l’histoire de deux adolescents de 53 ans qui se retrouvent dans la petite banlieue de leur jeunesse. Deux vieux ados qui ont réussi à échapper à toutes les responsabilités que devraient normalement assumer des hommes leur âge. Mais quelque chose, de pas du tout prévu, va les rattraper.
Le film va raconter l’histoire du passage de l’adolescence extrêmement tardive à la grand-paternité. Avec tous les écueils et les angoisses que peux compter ce genre de parcours abrupts.
Ce film sera une comédie, et elle se finira bien.
Comme mes personnages, en aucun cas, il ne faut rester prisonnier de l’image qu’on a de soi, ou qu’on donne de soi, ou qu’a l’impression que les autres ont de nous. Il faut savoir s’en débarrasser. Il n’est jamais trop tard pour changer de vie, pour trouver une voie, embrasser une cause, commencer une histoire d’amour.
C’est pas grave si les choses commencent tard. L’important c’est qu’elles commencent. Parfois c’est même bien quand ça commence tard. Tout ce qu’on a vécu en amont, qui semblait ne servir à rien, alors prend subitement tout son sens.
Et ça, c’est merveilleux.
* * *
3. À trois heures, je serai mort
- Écritures : Je vous aime de tout mon coeur
Le 27 août 1941
1 heure moins 10
Chère petite Thérèse, Chers petits Claude et Pierrot, Chère Maman, Cher Papa, Frères, Soeurs et tous mes amis,
On vient de m'annoncer que, à trois heures, je serai mort. J'accepte mon sort. Soyez sûr que je mourrai courageux et que ma dernière pensée sera pour vous tous que j'ai tant aimés.
Ne perdez pas votre temps à pleurer toute votre vie sur moi : vous aurez mieux à faire ; et toi, chère petite femme, chère petite Thérèse, vis de toutes tes forces pour Claude et pour Pierrot, et souviens-toi que l'amour que je t'ai porté depuis l'âge de dix-sept ans n'a jamais été sali par quoi que ce soit. Je t'ai toujours respectée et considérée comme une épouse admirable. J'ai donc confiance en toi pour que tu fasses de nos petits de braves hommes, travailleurs et courageux. Si j'avais eu plus tôt ce papier, j'auras voulu vous dire à tous beaucoup de choses ; tant pis.
Plus tard, quand cette maudite guerre sera finie et que vous rencontrerez certains de mes amis, dites-leur que j'ai eu aussi une pensée pour eux qui m'ont aidé dans certains et difficiles moments de la vie. Sachez aussi que je ne regrette pas les actes de ma vie, qui a été une existence d'honnête travailleur, dévoué à son foyer et à ses camarades de misère.
Thérèse, ma femme chérie, tu vas être seule à trente-quatre ans. Je ne te demande pas de rester toujours seule. Quand on vit, il faut vivre pour de bon, si c'est possible.
Vous voyez donc tous que je meurs tranquille sur votre sort. Je vous fais une dernière recommandation : laissez-moi mourir seul ; ne mourez pas de chagrin ; ce serait la peine la plus cruelle que j'aurais.
Je vous aime de tout mon coeur, de toutes mes forces. J'ai la pensée emplie de vos images chéries, et une grande paix, une grande force règnent dans mon coeur. Quand je parle de ma famille, je pense aussi à la tienne, chère petite Thérèse. Puissiez-vous avoir cette lettre.
Je vous embrasse tous, Thérèse, je t'adore.
Votre Jean.
Jean Baillet
Né le 7 mars 1908 dans une famille de bûcherons.
Mort fusillé au Mont Valerien le 27 août 1941
- Regard filmique de Bouli : Coffin road (En préparation. D'après un roman de Peter May)
Dans ma famille on parlait beaucoup de la guerre et de la résistance.
Mon père avait beaucoup de bouquins sur le sujet et dans un des bouquins il y avait une photo de Jean Moulin souriant. Adossé à un mur, avec un chapeau, une écharpe. Je regardais cette photo. Moi je connaissais son destin à Jean Moulin. Je savais qu’il allait être torturé et qu’il allait mourir. Mais lui, sur la photo, il ne le savait pas. Il souriait.
Et je demandais toujours, et si il avait su.
Et puis je me demandais, et juste avant de mourir, est ce qu’il s’est demandé si ça en valait vraiment la peine.
Est ce que ça en valait la peine. De sacrifier sa vie, la vie de sa famille. L’amour qu’on aurait du donner à ses enfants mais qu’on ne donnera plus puisqu’on ne sera plus là.
Coffin Road, que je n’ai pas encore tourné va raconter l’histoire d’un homme, amnésique, perdu sur une île au nord de l’Ecosse. En refaisant tout le travail nécessaire pour retrouver sa mémoire, il va re-découvrir qu’il joue un rôle clef dans tout un processus de résistance, pacifique, scientifique, pour contrer une énorme société agro alimentaire. Société qui s’apprête à créer et à contrôler des famines à travers le monde dans un but lucratif.
Mais en recouvrant la mémoire, le personnage va aussi se rappeler le gâchis familial que cet acte de résistance a provoqué. Et il va se poser cette question. Est ce que ça en valait la peine. Il va essayer de renouer avec sa fille, qu’il a du abandonner et il va lui demander, est ce que ça en valait la peine. Il n’y a qu’elle qui peut y répondre.
Entrer en résistance, pour moi c’est la première des victoires. Quelque soit l’issue finale. On ne rentre pas en résistance parce qu’on sait qu’on va gagner. Au contraire. C’est même quand les choses paraissent désespérées qu’on entre en résistance.
Et aujourd’hui, moi, j’ai toujours le sentiment de ne pas encore avoir fait de ma vie ce que je devais vraiment faire. Quelque chose n’a pas encore été accompli. J’en ai la certitude.
Je voudrais être résistant. Il y a tellement de choses dans le monde qui me choquent, qui me révoltent. Et je n’ai pas fait assez contre ça.
Je n’ai pas encore remporté ma première victoire, celle de rentrer réellement en résistance.
* * *
4. Ô forêts, ô prairies, dites-moi...
- Écritures :
- Où êtes-vous caché ?
L'épouse
Où vous êtes-vous caché
Époux qui m'avez laissée
Fuyant comme un cerf chassé,
Après m'avoir tant blessée,
Où vous en êtes-vous ainsi allé ?
Pasteurs, si, par aventure,
Menant paître vos troupeaux,
Vous le rencontrez sur la hauteur
Dites-lui combien j'endure
Pour lui de peines et de travaux.
Cherchant donc mes amours,
J'irai sans cueillir les fleurs,
Par monts, par vaux, et par rivages,
Ne me souciant pas plus des bêtes sauvages
Que des frontières et des tours.
Ô forêts que mon Aimé
A érigées de ses propres mains,
Ô prairies, de fleurs émaillées,
Dites-moi, fidèles témoins,
Si, parmi vous, il n'a point passé.
Réponse des créatures
Il a couru rapidement
Par ces monts qu'il a remplis
De mille grâces, rien qu'en les regardant,
Et qu'il a revêtus de sa beauté. (...)
St Jean de la Croix
Poèmes
- Il n'est qu'un fil de tissu
Nous le savons : la terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui appartient à la terre. Nous le savons : toutes choses sont liées. Tout ce qui arrive à la terre arrive aux fils de la terre.
L'homme n'a pas tissé la toile de la vie, il n'est qu'un fil de tissu. Tout ce qu'il fait à la toile, il le fait à lui-même.
Seattle, chef indien Suquamish
- Regard filmique de Bouli : Les géants
« Il a couru rapidement
Par ces monts qu'il a remplis
De mille grâces, rien qu'en les regardant,
Et qu'il a revêtus de sa beauté. (...)
On ne peut pas être indifférent à la beauté de la nature.
Et on ne peut pas oublier ce qu’elle a fait pour nous. Elle nous a nourris, elle nous a chauffés, elle nous a rafraîchis, elle nous a bercés de ses rythmes, de ses saisons, elle nous a émerveillés.
Dans Les géants, c’est un peu le contraire de dans Into the Wild.
Ici il n’y a pas de conflit entre l’homme et la nature et elle ne représente aucun danger. Que du contraire.
Trois gamins sont abandonnés par leur mère, leur famille. Ils sont livrés à eux-mêmes le temps d’un été et ils décident de ne plus rentrer.
Ils partent. L’appel de la rivière est plus fort que l’appel de ces familles qui n’assument plus leurs rôles protecteurs. La nature devient alors réparatrice et bienveillante. La nature remplace la mère. C’est donc la « mère nature » dans toute sa splendeur qui nous revient.
Évidemment, ici on est dans un récit qui s’apparente plus au conte, qu’à une émission de téléréalité. Même si la trame première, la démission parentale, est très concrète. Le film est traité comme un conte.
Et dans ce conte, l’homme et la nature sont réconciliés. Enfin.
On ne peut pas être indifférent à la beauté de la nature. Cette indifférence ne me paraît pas être inscrit dans l’ordre normal des choses.
On ne peut pas apprécier si on ne prend pas le temps de regarder. On ne peut pas aimer si on n’apprécie pas. On ne peut pas se réconcilier si on ne s’aime pas.
Je crois qu’il faut d’abord réapprendre à regarder, à contempler, à apprécier la nature
* * *
5. Un ciel nouveau, une terre nouvelle
- Écritures : De l'eau vive, gratuitement
Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre ont disparu et la mer n'est plus.
Et la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, je la vis qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu, prête comme une épouse qui s'est parée pour son époux.
Et j'entendis, venant du trône, une voix forte qui disait : Voici la demeure de Dieu avec les hommes.
Il demeurera avec eux.
Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux.
Il essuiera toute larme de leurs yeux.
La mort ne sera plus.
Il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car le monde ancien a disparu.
Et celui qui siège sur le trône dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles.
Puis il dit : Écris : ces paroles sont certaines et véridiques.
Et il me dit : C'en est fait.
Je suis l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin.
À celui qui a soif, je donnerai de la source d'eau vive, gratuitement.
Apocalypse 21, 1-6
- Regard filmique de Bouli : Les Premiers, les Derniers
Un sentiment de fin du monde est très présent aujourd’hui dans la pensée. Le mot apocalypse revient souvent. Dans des discussions, dans des titres de films, de bouquins.
C’est vrai qu’il y a une échéance aujourd’hui qui nous est fortement suggérée. Un avenir avec des chiffres précis : Si on ne fait rien, dans quinze ans, il n’y aura plus d’abeilles. Dans dix ans la calotte glacière aura complétement fondu et le niveau des mers va monter. Dans cinquante ans on ne pourra nourrir qu’un tiers de la population.
Cette échéance, aussi précise et très récente est terriblement anxiogène.
Avec Les Premiers les Derniers, je voulais faire un film qui parle de ce sentiment de fin du monde. Mais paradoxalement je voulais faire aussi un film, positif, qui va vers la lumière.
Personnellement je ne pense pas que ce soit la fin du monde. Même si j’ai un peu de mal avec l’humanité, je crois encore en l’homme,
Par contre je pense que nous sommes à la veille d’un grand changement nécessaire et il est important, d’aborder l’avenir avec espoir.
Dans le film, le personnage de Gilou, que j’incarne, est dans un état de morosité absolue, il ne vit plus que dans la peur, dans la peur de la mort. Il évolue dans une forme de non vie. Il n’a plus d’espoir, il ne pense qu‘à la fin.
Cet état, je l’ai vécu aussi.
J’avais des problèmes de santé. Des problèmes de cœur et l’idée de la mort ne me quittait plus. Ça m’a fait sombrer. J’étais dans une forme de néant.
Et puis la machine est repartie, l’espoir est revenu et j’ai recommencé à vivre.
Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on vit souvent sans espoir. On vit dans un court terme, on vit de manière nécessaire, on règle les affaires courantes, mais on se projette difficilement dans le futur parce que ça nous fait peur.
Et c’est ça qui est dangereux.
La vraie fin du monde, je pense que c’est ça. C’est vivre sans espoir.
Moi j’ai besoin de rêve, j’ai besoin d’idéaux, j’ai besoin d’utopie.
Le monde a besoin d’espoir.
Bouli LANNERS
(15/04/2017)
Photographies : Geneviève Bricoult
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