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Artistes au Prieuré : Laurence Vielle (17/03/17)

ARTISTES AU PRIEURÉ : ÉCHOS DE LA RENCONTRE

 

Pour nous conter sa vie, Laurence Vielle nous a plongés dans un tourbillon de mots, de phrases, de poèmes, et nous a emportés - du Coq à Lasnes - dans une histoire qui ne laisse personne indifférent. En cherchant l’origine de son histoire personnelle, elle remonte les générations et réveille en chacun de nous le sens de notre histoire, et de la Vie.

Laurence écrit, dit, déclame, récite, joue, interprète, et avec son titre de poétesse nationale, traverse le pays pour partager son amour de la langue et des mots, qu’elle manie avec brio pour nommer tout ce qu’elle observe, tout en questionnant le sens des choses. Elle maîtrise les textures vocales et la musique des onomatopées qui font basculer du son au signifié et du sens au signifiant, par des jeux de mots sonores.

“…j’ai besoin de la faire chanter ma langue, avec toutes ses racines, toutes les racines de sa chair, ma chair de langue, ma langue de chair, en rouge, en vivance”. (Du Coq à Lasnes, 2012, page 9)

“Ma langue, ma langue, c’est ma langue…!... C’est celle qu’on a tous, là, dans le palais, avant même qu’elle ne se mette à parler flamand ou français ou allemand ou chinois ou tout ce qui se malaxe ! C’est notre langue à tous, notre langue animale…” (idem)

Licenciée et agrégée en philologie romane, elle obtient le Prix supérieur d’art dramatique et le Premier prix de déclamation au Conservatoire Royal de Bruxelles. Elle se lance ensuite dans le métier des arts de la parole à travers des spectacles, l’écriture, la poésie, l’animation… On la découvre à la fois forte et fragile, comme surprise ou étonnée par tout ce qui l’entoure, fascinée par la vie, la nature, les gens, le langage,… Toujours sur la pointe des pieds mais avec l’assurance de sa voix. Avec une sensibilité émouvante, elle poétise le monde.

 

“Un papillon de nuit rouge et vert
épave du matin au bord de la fenêtre
Si court le temps passé ici
Un jour j’irai au cimetière marin
Au loin j’ai aperçu la Nadière
île  minuscule
village sans respirations
y vivaient les familles des pêcheurs
Quand il y a une tempête
les vagues de l’étang
passent au dessus de ta tête
recouvrent juste un instant
le toit de ta maison
le figuier
Une passerelle relie l’île à la terre
par tous les temps les enfants partent à l’école
Le sel ronge les derniers murs
C’est vain c’est vent
ce que tu vis ce que tu traces
vain vent
viens
viens
viens
que je t’enlace
tout passe
tout passe
et vain
et vents
chttt”

 

“Vent” in Ouf, poésie, Maelström Reevolution, 2015

Françoise Lambrecht-Voglaire
(17/02/2017)

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