Samedi du Prieuré : Philippe Vauchel et Pascal Chardome (01/12/12)
SAMEDI DU PRIEURÉ : ÉCHOS DE LA RENCONTRE
La passion artistique
Pascal Chardome, le musicien, et Philippe Vauchel, le comédien, sont partenaires dans le spectacle « Au nom de la mère » d’Erri de Luca.
Le 1er décembre 2012, au Prieuré, ils ont trouvé un terrain d’entente : le silence.
« Au commencement était le silence. » Ce n’est pas un paradoxe que ces deux hommes, qui ont mis la musique et les mots au cœur de leur métier, partagent la même passion des silences. C’est du silence que naissent les mots ou la musique, et c’est au silence qu’ils retournent. Le silence n’est pas seulement l’écho de la musique qui vient d’être entendue, c’est un temps d’écoute, d’assimilation, d’intégration. C’est un moment d’intense activité. Au théâtre, ce sont les silences qui donnent le rythme. Le travail essentiel de l’acteur et du metteur en scène est de découvrir le rythme intérieur de l’œuvre. Tout se joue là.
« C’est dans le silence que les choses se disent, c’est dans les silences que je joue », prétend Philippe Vauchel. Et quand les mots ne peuvent plus dire, c’est la musique qui prend le relais. Pour préparer la partition musicale d’« Au nom de la mère », les deux artistes ont travaillé en improvisation. Pascal Chardome improvisait sur les silences de Philippe Vauchel. Sa musique, c’est l’écho de l’émotion qui monte, elle colore de ses notes la colère ou l’amour de Marie.
La Parole murmurée
Toutes les mères du monde peuvent se retrouver dans cette femme spitante et charnelle qu’est la Marie imaginée par Erri de Luca. C’est d’abord et avant tout une histoire d’amour qu’il nous raconte, une histoire qui parle au cœur de chacun et pas seulement des croyants. On pourrait regretter que ce spectacle ne se donne quasiment que dans les églises, mais « qu’est-ce que ça fait du bien à ces vieux murs d’entendre cette parole-là », s’exclame Philippe Vauchel. Les paroles vraies se murmurent, ne se proclament pas. Il y a sans doute dans les mots d’Erri de Luca, une vérité évangélique, que les grandes professions de foi ne parviennent plus à dire.
« Il y a un tel vacarme sur cette planète, que je cherche le silence, dit Pascal Chardome. Je me sens en co-responsabilité, tout ce qui arrive sur la terre m’arrive. Je continue à chercher l’harmonie. J’essaie de me connecter aux bribes d’harmonie qui sont perceptibles dans le grand vacarme. » Peut-être est-ce pour cela qu’il aime tant la « gamme de Pythagore » qui imagine l’univers comme une immense lyre aux cordes circulaires et dont l’orbite des planètes est gouvernée par les lois de l’harmonie.
Se taire ensemble
De plus en plus Philippe Vauchel se sent appelé à monter sur scène, non pas pour se montrer ou performer, mais pour dire une parole qui rejoigne chacun dans ce qu’il est. Il voudrait, en partant du « je », arriver au « nous », aller à la rencontre de ce qui rassemble. « Ce qui me fait du bien, c’est le partage », dit-il. Une conviction qu’il a en commun avec Pascal Chardome : « La musique est un prétexte à rencontrer l’humain. Je ne suis pas trop copain avec les mots, continue-t-il. Les mots peuvent être violents, ils assènent des certitudes. Lorsque la pensée est en connexion immédiate avec la musique, lorsqu’il n’y a plus de philtre, alors on peut vivre un moment magique de partage. »
« Par l’art et pour l’humanité », telle pourrait être la devise qui rassemble nos deux artistes.
Jean BAUWIN
(01/12/12)
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