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Artistes au Prieuré : Geert van Istendael (30/01/15)

ARTISTES AU PRIEURÉ : ÉCHOS DE LA RENCONTRE


Le 30 janvier 2015, « Artistes au Prieuré » recevait Geert van Istendael, sociologue, philosophe, journaliste, écrivain, polémiste, poète, musicien et érudit. Ce bruxellois doit à sa jeunesse aux Pays-Bas, dans la ville d’Utrecht, d’avoir penché vers le néerlandais, tout en maîtrisant cinq autres langues, dont le français et l’allemand.

Il fut journaliste à la VRT du temps où elle s’appelait encore BRT. Depuis 1993, il est écrivain indépendant. Pour ceux qui veulent connaître la profondeur de son analyse politique, la lecture du Labyrinthe belge (publié au Castor Astral) s’impose. Pour ceux qui veulent découvrir l’écrivain et le poète, il suffit de consulter la dbn : http://www.dbnl.org/auteurs/auteur.php?id=iste001

Geert van Istendael ne se résume pas en quelques lignes. Procédons par touches, à la manière impressionniste, pour refléter la richesse de sa rencontre avec Anne-Marie Pirard et Paul-Benoît de Monge.

Impressions musicales tout d’abord, où Bach est mis à l’honneur. Bach, c’est la rigueur, c’est le travail, c’est l’artisan de génie. Pas de doute, pour Geert van Istendael, rien ne s’improvise, tout est affaire de réflexion et de travail. Pourquoi croyez-vous que l’apprentissage du piano passe nécessairement par d’incessants exercices de Bach ? C’est la meilleure école, nous confie-t-il, lui qui, pianiste depuis son plus jeune âge, apprend aujourd’hui à jouer de l’orgue.

Impressions poétiques ensuite avec Goethe et Hölderlin, récités en allemand, cette langue rude qui sait se faire si douce et romantique quand le génie et la folie s’en mêlent. Et pour nous, pauvres francophones, d’apprendre que notre langue est molle et que nous ne respectons pas les accents toniques. Brel, Reggiani, Brassens, sont tous convoqués au tribunal de la diction. Alors qu’aucune poésie n’est possible en néerlandais ou en allemand sans respecter l’accent tonique, le français se suffit de ses rimes. En néerlandais, par contre, il faut ruser, ne pas chercher la rime ou alors, chercher la rime intérieure, celle qui sonne au milieu du poème, qui tout d’un coup vous éblouit. La simplicité est une vertu.

Impressions du Nord également, de cet amoureux des Pays-Bas, qui nous révèle attristé que les hollandais n’aiment pas leur langue et que celle-ci est merveilleusement parlée dans les anciennes colonies néerlandaises. C’est ainsi qu’il nous raconta comment un grand écrivain néerlandais du Surinam avait vertement répondu à la question de savoir pourquoi il n’écrivait pas plutôt en anglais : « Het Nederlands heeft mij gekozen », c.-à-d. « C’est le néerlandais qui m’a choisi ». Si nous doutions encore que l’accent tonique était consubstantiel au néerlandais, ce cri « Het Nederlands heeft mij gekozen » nous convainquit définitivement.

Impressions humaines et politiques enfin avec un plaidoyer exceptionnel sur l’Europe qui a inventé la sécurité sociale, ce système qui permet au plus grand nombre d’échapper à la misère, alors qu’avant son invention la jeunesse, la perte d’emploi ou la vieillesse y menaient assurément. Pourquoi diable les eurocrates s’évertuent-ils à la mettre en danger au nom du marché, s’interroge notre invité ?

Vous l’aurez compris, c’est un grand Monsieur que nous avons rencontré vendredi au Prieuré.  Hartelijk dank voor uw komst mijnheer van Istendael ! Het was een grote eer.

Philippe Lambrecht
(30/01/2015)

 

 

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