Artistes au Prieuré : Élisabeth Wybou et Frédéric d'Ursel (16/11/12)
ARTISTES AU PRIEURÉ : ÉCHOS DE LA RENCONTRE
La passion des sons
Élisabeth Wybou nous raconte qu’elle a commencé le violon dès 3 ans selon la méthode Suzuki, avec un professeur astucieux qui donnait cours ... à sa poupée.
« Dès mon enfance, déclare-t-elle, j'aimais me produire sur scène et le but de mon travail, c'était le contact avec mon public. Et déjà à cet âge, cela exigeait une énorme discipline et beaucoup d'heures de travail. Je le souhaitais, mes parents ne me poussaient pas, mais le contact avec la scène rachetait tout. Cette motivation a existé jusqu’à mon adolescence. Après, le trac était présent. »
« Je fais partie depuis 10 ans du quatuor à cordes Kryptos. C’est une expérience très exigeante et très enrichissante en même temps. »
« Quand je suis devenue l'élève de Frédéric d'Ursel, ce dernier m'a fait comprendre qu'il n'y avait pas que le violon dans la vie. Depuis la naissance de ma petite fille, j'ai réorienté ma façon de vivre. »
« Un jour, j’allais rendre visite à un ami qui allait mourir et il m’a dit : j’ai la même impression que lorsqu’on va rentrer en scène. Parce que c’est terrible et passionnant de vivre la minute qui précède l’entrée en scène : on est tout seul et il faut qu’on se jette à l’eau. »
« Les morceaux que je préfère sont ceux que j'ai beaucoup travaillés. »
« L'exigence à l'égard de soi-même est telle que lorsqu'on s'est produite en concert de façon inadéquate à ses propres yeux, on est tout étonnée et presque vexée que le public ait adoré ce qu'on jugeait imparfait. Sans doute que le travail a porté ses fruits, mais on a toujours l’impression qu’il y avait moyen de faire mieux. »
Frédéric d'Ursel a commencé le violon dès l'âge de 10 ans et demi. « C’est tard, dit-il, pour commencer. »
« Je fus très tôt amoureux de tous
les instruments de musique et je me décidai pour le violon, après un détour par le violoncelle que je jugeai finalement trop encombrant. J'ai d'abord joué du violon pendant neuf ans, selon un apprentissage un peu décevant, mais ce manque m'a aussi permis de me construire. »
« J'ai très vite décidé de me lancer dans une carrière musicale Je suis entré au Conservatoire de Bruxelles où je fus l'élève de Philippe Hirschorn, un professeur extraordinaire qui m'a révélé à moi-même. J’ai fait de la musique de chambre et fondé avec des amis le quatuor Oxalys. »
« La musique est pour moi un mystère, car on arrive à faire entendre à son public des choses différentes d'une personne à l'autre. En outre, le chant intérieur du musicien est différent de celui que l'on perçoit extérieurement. »
« Il est parfois des moments magiques lors d'un concert, un état de grâce où l'on se sent presque en dehors de son corps, comme un spectateur de ce qui se passe : on est comme possédé ! Mais ces moments restent exceptionnels : en général, on produit de bons concerts là où domine le travail bien fait. »
« Un don n'est rien, s'il n'est pas maîtrisé. »
« Les grands compositeurs nous touchent au plus profond de nous, parce qu'ils nous révèlent à chaque fois une part de nous-mêmes : c'est lié à leur universalité et je rends hommage par mon violon à leur immense talent. »
« La passion, c'est quand on passe outre la réticence à continuer, quand on s'acharne à faire passer des émotions, même quand on ne les éprouve pas soi-même. En ce sens, c'est très gratifiant de jouer à plusieurs, en raison des émotions fortes et de l'énergie déployée par le groupe, même s'il faut dépasser les conflits de personnalité. »
Marylène Burton-Collet
Le quatuor d'Élisabeth Wybou : www.kryptosquartet.be
L'ensemble de musique de chambre de Frédéric d'Ursel : www.oxalys.be
Élisabeth Wybou et Frédéric d'Ursel étaient interviewés par Françoise et Philippe Lambrecht
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